Antoine Gerbelle : partage, découverte et convivialité.

Antoine G. : " Curieux et voyageur dans l’âme. J’aime bien le mot d’ Hubert-Beuve Mery : « Le journalisme, c’est le contact et la distance. ""

" En créant cette web tv ma motivation était – après avoir travaillé 25 ans dans l’information du vin dans la presse traditionnelle – d’aller chercher cette nouvelle génération d’amateurs qui vit connecté et consommatrice d’informations plus ludiques via les vidéos et les réseaux sociaux. Continuer à faire un travail de découverte du monde du vin et de pédagogique à travers un autre type de média. C’est ce que j’essaye de faire aussi en tant que chroniqueur vin à la radio (On Va déguster – France Inter)"

" C’est une longue construction. D’abord par des liens familiaux non professionnels : mon père était un amateur de vin et possédait une belle cave et mon grand-père, immigré italien, faisait son propre vin pour sa consommation. Et donc j’ai été baigné dans l’élaboration et un amour -non commercial- du raisin et du vin. Après, la vraie passion est arrivée plus tard, quand, en tant que journaliste, j’ai découvert l’incroyable richesse des sujets que le milieu viti-vinicole permet de couvrir (éco, géo, socio, sensoriel…)."

" A la fois son ancrage dans les traditions et les territoires, et l’incroyable diversité des profils humains que j’y croise."

" C’est le fruit d’un long cheminement. Pendant des années, j’ai dégusté sans émettre de jugement. Je n’ai jamais pris de cours de dégustation car reproduire un discours formaté ne m’intéresse pas. J’ai tout appris en côtoyant des centaines de vignerons, d’œnologues, de sommeliers que j’ai écouté, interrogé pour comprendre mon ressenti et essayer de le traduire le plus justement. Mon rôle n’est pas de dire « j’aime »  ou « je n’aime pas ». Mon rôle de journaliste dégustateur est d’essayer de dire pourquoi un vin est très bon, bon ou pas."

" S’abonner à Tellement Soif ! ;-) Sans rire, je dirai : S’amuser sérieusement. C’est-à-dire toujours chercher à prendre du plaisir, sans prise de tête, mais à condition d’essayer de comprendre pourquoi et d’où vient notre plaisir. Il faut donc prendre des photos des bouteilles, prendre des notes (juste donner des étoiles aux vins que l’on goûte peut suffirent) pour se construire sa propre bibliothèque d’émotions. Tout cela afin de devenir toujours plus autonome dans ses choix , d’apprendre à moins se tromper, tout en cultivant de la curiosité. "

" Pas du tout. Je réfute le terme d’ « artiste » pour le monde du vin. Quand vous faîtes du vin, vous n’êtes ni peintre, ni sculpteur, ni chanteur et encore moins poète. Vous travaillez la terre et la transformation d’un de ses fruits, le raisin. Travail que vous répétez tous les ans. L’artiste est dans la création pur et unique, non reproductible. Dans le vin, selon moi, au mieux, vous pouvez prétendre au titre d’artisan d’art. Comme un orfèvre, un ferronnier ou un tapissier, etc. Ceci dit, j’ai pu observer que les créateurs.rices de grands vins possèdent une sensibilité artistique souvent très développé. Quant à moi, je me considère comme un bricoleur passionné. Bricoleur au sens ou Claude Levy-Strauss l’entendait dans la Pensée Sauvage quand il oppose ingénieur et Le bricoleur : le bricoleur fait partie du monde dans lequel il doit construire, avec les moyens du bord, son objet. « Il agence autrement des signes déjà là, sans pouvoir même distinguer aussi clairement que l’ingénieur outil et matière : il n’a pas affaire, par exemple, à du bois ou du fer mais à un morceau de bois. » Le monde du vin est une fabuleuse marqueterie."

" Je dirai même plus : sans rencontre, partage et convivialité le vin n’est qu’une abstraction."

 

" Un pays bien ancré et en mouvement. A l’image du Rhône Sud. Je sens les bienfaits d’une reconnaissance de la qualité des vins, pour laquelle je milite depuis longtemps, qui permet de multiplier les styles de vins et de libérer les énergies. C’est un chemin passionnant mais sans fin…"

" Une luxuriante énergie que l’Homme dompte avec de plus en plus de sobriété et de profondeur."


A.O.C Rasteau :Vous avez pu également échanger lors d’une table ronde sur le sujet de « Rasteau, la nouvelle génération », qu’est-ce que cela vous inspire ?

" J’observe plus de confiance en soi parmi tous les acteurs . Et un collectif mieux soudé que par le passé, je crois."

" C’est une évidence qu’il y a des zones de production qui vont être (et sont déjà) très impactés, voir, peut-être, disparaître. Mais, à regarder de près, ce sont des zones où la culture de la vigne n’a pas toujours été ni bien pensée, ni bien menée ; souvent pour des gains de productivité et de temps. La vigne est à son origine une plante méditerranéenne capable de s’adapter à de grandes sécheresses répétées. Je suis confiant sur les compétences humaines pour trouver des solutions (Il faut plus de temps pour développer ici). "

" Des livres, de la pédagogie, et toujours des reportages avec l’envie de débusquer des vins qui nous donnent de l’émotion."


A.O.C Rasteau : Rasteau en 3 mots selon vous ?

" Fruit, maturité, texture. "

Nous remercions chaleureusement Antoine Gerbelle pour cet échange et ses réponses qui apportent tant de relief et de profondeur à son portrait.
 Nous ne pouvons à présent que vous inviter à suivre son média "Tellement Soif".