Frédéric JULIEN – Domaine Gramiller
- 25/05/2018
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La naissance du Domaine
La création du Domaine Gramiller remonte en 2017. Le Domaine tire son nom d’un lieu-dit de Rasteau – le « Gramiller » – au Terroir à sols multiples (dus au plissement de la ’Montagnette’) , où Frédéric y conduit une partie des vignes du Domaine en A.O.C Rasteau. Une Tarente (ou « gecko ») arpente murs, étiquettes et bouchons du Domaine. « C’est un animal présent sur le pourtour Méditerranéen, très utile pour l’équilibre de la biodiversité car il mange mouches et moustiques », une signature visuelle chère à Frédéric Julien.
Sur un total de 18ha de surface de production, 9 ha sont apportées en cave coopérative, les 9 autres sont vinifiées au Domaine : 6 ha en AOC Rasteau, 1,5 ha en Côtes du Rhône Rouge, 1 ha en Côtes du Rhône blanc et 0,5 ha en Vin de Pays.
Entre convictions et engagements personnels
Depuis ses débuts dans les vignes (une vingtaine d’années maintenant), Frédéric Julien est un fervent défenseur de l’agriculture biologique.
Frédéric JULIEN : « Je ne peux pas dire que j’ai aperçu un changement sur la qualité de mes vins car c’est une pratique que j’ai toujours menée, par pure conviction : pas de pollution, pas d’effets néfastes sur la santé. »
Au départ, il se penche sur une viticulture conduite en biodynamie – « mais j’ai du mal avec l’ésotérisme qui accompagne cette pratique, même si je suis convaincu qu’il y a un apport bénéfique pour le sol et les vignes ». C’est donc vers une agriculture bio qu’il se tourne, tout simplement. « Et ce n’est pas de la poésie, elle requiert beaucoup de précision. Il faut être observateur et attentif aux signes que la nature manifeste ».
Les étapes rencontrées
Il témoigne avec transparence sur les différentes étapes par lesquelles il est passé et les moments de doutes rencontrés.
Frédéric J. : « Evidemment, j’ai eu des moments de doutes quand j’ai commencé à travailler les sols sur le rang, il a fallu se rendre à l’évidence que si nous ne voulions plus utiliser de désherbants et autres produits phytosanitaires, il fallait faire des sacrifices. Il y a 10 ans, nous avons commencé par déchausser les parcelles de vignes… Il nous a fallu 1 mois et demi pour déchausser 15 ha ». Comme il l’indiquera très justement un peu plus loin lors de notre entrevue, « La passion, fait tout le travail. Si nous l’écoutons, rien ne l’arrête ».
A.O.C Rasteau : Parlez-nous des vins du Domaine Gramiller…
Frédéric J. : » … et si on les goûtait… ? » Frédéric J. s’approche spontanément du robinet de ses cuves, verres à la main. Une dégustation animée de façon naturelle et pédagogique : qualité des sols, travail à la vigne comme en cave, tout est passé en revue. Mais nous ne pouvons parler des vins sans au préalable introduire leurs Terroirs…
Frédéric J. : « Aujourd’hui, l’essentiel de mes parcelles se trouve à Rasteau, principalement sur 2 lieux-dits : « Les Marcels » et « Gramiller ». D’une grande richesse, tous deux reflètent à leurs façons la typicité structurée et généreuse du Cru Rasteau.
Le terroir du lieu-dit « Gramiller » (2,5 ha) que Frédéric J. appelle naturellement « la montagne » est vallonné, constitué d’un sol de grès, de marnes argilo-sableuses, d’argiles bleues et de cailloutis calcaires, à l’exposition Sud-Est. Une complexité géologique marquée par la prédominance des argiles, une bonne exposition et une altitude significative qui permet une belle expression des Grenaches « tout en puissance, mais contenue par une fraîcheur subtile ».
Du côté du lieu-dit « Les Marcels », ce sont 2,2 ha de coteaux exposés au soleil couchant dont le sol est constitué de marnes très caillouteuses (ère tertiaire -10 M d’années) mêlé d’argiles, de sables et de limons. On y trouve encore quelques vieilles souches de Grenaches plantées en 1901 (dont il en reste 25%, qu’il travaille encore aujourd’hui), ainsi que des Mourvèdres qui ont en moyenne 6 ans. Un lieu-dit qui exprime là aussi la typicité des vins de l’appellation et dont le côté solaire, mais tout de même « punchy », ressort clairement.
De l’art dans nos verres
Au-delà du fait que la totalité des vins (et des bières) du Domaine sont conduits et certifiés en agriculture biologique, Frédéric Julien ne lésine pas sur la qualité dans l’élaboration de ces deux produits. Même si l’activité de la micro-brasserie reste « un jeu » à temps partiel, ce n’est pas pour autant qu’il ne le prend pas au sérieux. D’ailleurs, il ne manque pas de nous rappeler que du houblon au raisin… il n’y a qu’un pas. « Le houblon est un peu comme le cépage, où chaque pays a sa propre variété. Une variété qui s’exprime mieux en fonction de la qualité du Terroir dans lequel elle est inscrite ».
Créatif et perfectionniste, il privilégie l’assemblage qui lui permet de tester et ajuster lorsque cela est nécessaire, en fonction de son intuition mais aussi en fonction des goûts et échos des dégustateurs (amateurs ou éclairés) auxquels il prête une grande attention. Ce qu’il recherche ? La quintessence !
Des vins « technologiques » et natures
Frédéric Julien travaille des vins qu’il qualifie de ‘technologiques’ pour l’attention permanente qu’il leur porte, ce qui n’est pas ambivalent avec le fait qu’ils restent ‘natures’. « J’aime travailler des vins ‘très droits’ mais le plus nature possible, avec le moins d’intrants possible : seule une dose minimale de sulfite sur l’ensemble des vins du Domaine et rien pour la Cuvée Nature. J’ai la chance de travailler avec l’œnologue Didier COUTURIER, un très bon ‘coach’ qui m’apprend chaque jour et à qui je dois beaucoup », nous précise t-il.
Frédéric Julien a lui-même récemment construit sa cave, avant laquelle il s’amusait avec quelques micro-vinifications confidentielles. Ses cuvées sont principalement des cuvées d’assemblage mais chaque parcelle est préalablement vinifiée séparément dans des cuves béton à « effet conique » (sur la face avant), cette forme permettant d’immerger au maximum le chapeau de marc dans le jus. Il souhaite travailler ses raisins avec délicatesse et au plus proche de leurs spécificités : « lorsque l’on est dans les parcelles et que l’on mâche les peaux, on a déjà une idée de ce que l’on va retrouver dans les cuves ». Selon lui, le lieu-dit ‘Les Marcels’ exprime le côté « classique » de Cru tandis que le lieu-dit « Gramiller » exprime une plus grande singularité. Après des vinifications parcellaires méticuleuses, Frédéric J. opte donc pour l’art de l’assemblage car il souhaite obtenir le vin le plus parfait possible. Mais attention, il veille ‘aux grains’ … « Je ne veux pas effacer le Terroir » surenchérit-il.
Curieux, Frédéric J. s’est récemment essayé à une vinification en barrique Autrichienne de chauffe légère pour ses vins blancs (Côtes du Rhône, majoritairement à base de Bourboulenc et de Roussane ). Des essais qu’il trouve concluants : « la barrique en chêne tend bien le vin contrairement à la rondeur parfois trop marquée que cela peut apporter ». Des vins que les heureux participants à « l’Escapade des Gourmets » ont certainement eu l’occasion de tester en avant-première au stand des mises en bouche !
Une année de « premières »
2018 est une année charnière pour le Domaine Gramiller avec une 1ère participation aux événements majeurs de l’appellation ; « l’Escapade Des Gourmets » (le 20 mai 2018), « Quand VIN Le Soir… Rasteau WINE Bar » (les 11, 18 juillet et 1er août 2018), « la Nuit Du Vin » (le 14 août 2018). Avant tout curieux à l’approche des manifestations, Frédéric J. nous confie être un peu stressé compte-tenu qu’il y présentera pour la première fois ses vins au grand public : « Je me suis pas mal battu pour communiquer sur mes vins, avoir des événements à Rasteau est une réelle aubaine pour nous, vignerons de l’appellation… ».
Où retrouver les vins ?
Etant donné ses petits volumes de production, Frédéric Julien privilégie la distribution en circuit court. « J’ai pour le moment un petit stock que je peux vendre seul », mais envisage à l’avenir, de travailler la commercialisation aux côtéx d’un professionnel.
Frédéric J. : « Mon début de commercialisation va se dérouler lors de « l’Escapade des Gourmets » du dimanche 20 mai 2018. J’envisage peut être le salon professionnel « Millésime Bio » en 2019, mais plutôt pour présenter mes vins en soirée Off » .
Pour le moment Frédéric Julien propose ses vins aux endroits où il peut également y présenter ses bières : dans les superettes ‘bio’ comme Le Biocoop ( Vaison-La-Romaine), dans les bars à vins ‘L’Arbre à Vins’ (Vaison-La-Romaine), ‘Ô gré des vendanges’ (l’Isle sur Sorgues), au ‘Drôle d’Oiseau’ à Carpentras, sur la carte bistronomique du Chef Christophe RENAUD au ‘Renaud’mets’ (Isle sur la Sorgues), ou encore au point d’information touristique du village Rasteau Bienvenue faisant également office de Maison des Vins pour l’appellation.
Sachez que vous pourrez rencontrer le vigneron en personne et découvrir le fruit (ou la céréale… !) de son travail, tous les vendredis de 17h à 19h au Domaine Gramiller. Frédéric Julien organise la visite de sa cave et les coulisses de sa micro-brasserie, suivi d’une séance de dégustation dans le nouveau caveau de dégustation.
3 accords Vins & Musique – Frédéric JULIEN : « Je travaille toujours en musique ! »
Nous ne pouvions pas conclure notre entretien sans transition avec la fête de la musique. Sa playlist idéale ? En voici le top 3…
Merci Frédéric de vous être livré à l’appellation ! Nous souhaitons au Domaine Gramiller une belle première saison estivale au sein de l’appellation Rasteau, ponctuée de réussite et de rencontres !
+ d’infos
Domaine GRAMILLER
99 route du stade
84110 RASTEAU