Karine BISCARRAT – Domaine Grange Blanche
- 26/01/2016
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Mais on ne renie pas l’histoire familiale écrite par 4 générations de vignerons comme ça et son envie première reste intacte. Un changement de vie dont elle se réjouit tous les jours avec son mari, qu’elle a entrainé dans l’aventure !
Femme active et engagée dans plusieurs associations à Rasteau, Karine est également une femme de caractère, franche, authentique, proche de la nature, qui aime vivre simplement et qui aime les rapports humains. Elle est également maman de 2 enfants, son plus beau métier !
Le déclic ? Le domaine Grange Blanche est une histoire de famille avant tout ! En 1850, un jeune vigneron décide de construire sa cave. Cette envie d’être vigneronne date de son enfance, de souvenirs heureux, tels que la dégustation du moût de raisin avec son papa Roger, les odeurs de raisins fermentés, l’effervescence joyeuse qu’elle a pu ressentir lors des périodes de vendanges.. L’envie de vinifier ses raisins est toujours là 5 générations plus tard..
« J’ai toujours été claire et su qu’à un moment ou à un autre, je reviendrai au domaine. Mon expérience en entreprise était nécessaire, j’avais besoin de m’affirmer sans appui familial. En 2003 j’ai décidé de revenir au domaine avec mon mari. C’est lui, principalement, qui s’occupe des vignes ».
Et si on lui demande si produire du vin est encore un métier d’homme, et si en tant que femme elle pensait vinifier différemment ses vins? Sa réponse est évidemment non !
« Le milieu viticole reste certes encore un milieu d’hommes, mais où la femme a entièrement sa place. Il demande peut être plus d’énergie et d’efforts pour une femme. C’est un métier qui a forgé mon caractère ! Je pense que de manière générale, la femme a su s’adapter, s’intégrer dans ce milieu et aborder le métier à sa façon. Certains pensent également qu’une femme apporte au métier et aux vins une sensibilité qui est fortement appréciée. Selon moi, il n’y a pas de différence dans la vinification, par rapport à un homme. Je ne pense pas faire des vins spécialement « féminins ». La vendange est éraflée. La vinification, traditionnelle, donne des vins homogènes et expressifs. L’assemblage est un exercice très particulier. Il faut du temps et, là aussi, il ne faut pas avoir peur de se remettre en question. Chaque cuvée est l’aboutissement d’un an de travail de la vigne à la cave, le vigneron la façonne, lui apporte les soins dont elle a besoin pour produire, mais la nature reste maître quant à la récolte, c’est ce qui nous distingue d’un produit industriel : on ne peut pas reproduire le même vin, chaque millésime a sa particularité ».
A l’aube de son 14e millésime, Karine ne regrette rien. « C’était un virage calculé. Dès le départ, je savais ce que j’aimais : des vins généreux, concentrés, profonds, typique d’un Rasteau. Je crois qu’il faut avant tout produire ce que l’on aime sans trop se préoccuper des modes qui touchent les vins. C’est ainsi que l’on se créé une identité ». En lutte raisonnée depuis 2009, le domaine produit 4 cuvées en appellation Rasteau : « Héritage », « L’Archange », Vins Doux Naturels grenat et rosé.
Ses préférés ? Tous selon l’instant de dégustation ! La Cuvée « Héritage » s’accorde avec tout, alors que la Cuvée « Archange » est plus confidentielle et se marie parfaitement avec une bonne viande ou du chocolat.
Que conseilleriez-vous à une femme qui souhaiterait se lancer dans ce métier ?
« Je ne peux que conseiller aux femmes qui souhaitent se lancer dans ce métier d’y aller ! Mes conseils? Il faut de l’énergie, de la passion (avant tout !), de la patience et du caractère ! Les vignes sont généreuses donc il faut aussi leur accorder beaucoup de temps en retour ! ».
Un dernier petit mot pour les femmes d’aujourd’hui :
« A toutes les femmes : Gardez toujours votre identité ! Dans les vins : Ne pas se fier à l’étiquette. S’ouvrir à tout. Goûter à tout. Explorez les vins ! Car il n’y a pas de vin typé Homme ou Femme. Les vins de Rasteau – bien que puissants – sont aussi des vins de Femmes !
Aux jeunes femmes : Si nous regardons derrière nous, les droits des femmes sont récents. Les femmes qui nous ont précédées se sont battues pour que nous puissions être libres de penser, d’agir, de s’exprimer. Ça nous a rendu plus fortes et indépendantes ! Toutefois, cet équilibre reste fragile. Il ne tient qu’à nous de le consolider. Je pense que c’est important de le rappeler aux jeunes générations, notamment dans ces contextes de crises économiques et sociales que nous pouvons vivre aujourd’hui ».