Frédéric Goliard – nouvelle Co-Présidence au syndicat des vignerons de Rasteau

Frédéric Goliard a été nouvellement élu Co-Président du Syndicat des Vignerons de Rasteau formant un duo (masculin cette fois-ci) avec Jean-Pierre Bertrand. Il fait partie de ces personnes qui ont la volonté et qui ont à cœur d’assurer la démarche collective et qui ont pour cela la capacité à fédérer. Portrait d’un viticulteur dévoué et surtout très humain…

Pour connaître Frédéric, il faut déjà remonter à son histoire et comprendre son parcours.

Dans son plus jeune âge, il voulait au départ être cuisinier car le « bien manger » faisait déjà partie de sa culture, de son ADN (et il y viendra plus tard au « bien boire »). Puis la mécanique l’a attiré durant 2-3 ans au moment où il se posait des questions quant à son orientation professionnelle.

Mais c’est bel et bien vers la vigne qu’il finit par s’orienter professionnellement. Seul garçon de la famille, cela sonnait comme une évidence de reprendre l’exploitation familiale aux côtés de son père.  

Avant d’être une propriété viticole, son grand-père – originaire du Jura – et sa grand-mère – originaire de Gigondas (mais habitant Rasteau) – cultivaient principalement l’olivier et consacraient l’autre partie de leur temps à tenir des chambres d’hôtes. Ces hébergements existent toujours par ailleurs, sous le nom de « La Goliarde » à Rasteau. C’est dans les années 30 que ses grands-parents acquièrent des parcelles de vignes et dans les années 50 qu’ils restructurent la propriété.

Frédéric, marié, 3 enfants, est la 3e génération. Il a repris l’exploitation en 1993 en nom propre en commençant avec 15 ha de vignes, et en 2005 il la fait évoluer en société SCEA Le Crapon. Aujourd’hui il travaille 27 Ha en totalité (10 ha en Rasteau – 5 ha en Séguret, 4 ha en Roaix, 5 ha en Côtes-du-Rhône Villages et 3 ha en Vin de Pays).

Pour la petite histoire généalogique – de ce qu’il a pu retracer – il serait issu d’une famille de saltimbanques, puisque dans sa famille, le théâtre, les chants, les représentations, les soirées et ambiances très festives ont toujours fait partie de ses souvenirs et de sa vie familiale. Son père a fait beaucoup de théâtre, il a chanté également pour les bergers de Séguret. Fort de cette tradition, Frédéric enfant a participé à la crèche vivante de Séguret en 1969 en tant qu’enfant Jésus. Ses parents étaient en effet assez actifs à Séguret, et déjà très engagés dans la vie de village. Nous comprenons maintenant pourquoi le collectif et le dévouement ont une place si importante dans sa vie…

L’exploitation

Pour revenir à l’exploitation « Le Crapon », elle est aujourd’hui certifiée « HVE3 » à savoir labellisée « Haute Valeur Environnementale de niveau 3 » : c’est-à-dire que cette labellisation est fondée sur des indicateurs de résultats relatifs à la biodiversité, la stratégie phytosanitaire, la gestion de la fertilisation et de l’irrigation. C’est la 2e année validée.

Son but est d’amener les raisins les plus sains et adéquats possibles jusqu’à la vendange, qu’il apporte ensuite à la Cave de Rasteau Ortas/Rhonéa.

Bien plus qu’un apporteur de raisin, Frédéric est Secrétaire du Conseil d’Administration de la Cave de Rasteau depuis maintenant 20 ans, c’est dire s’il participe à la vie de la coopérative.

Ses passions

La nature est pour lui source de bonheur, il la respecte, l’observe, la remercie.

En dehors de son métier de viticulteur, il adore passer du temps à ramasser des champignons en forêt ou dans la garrigue, et depuis 2001, il a même planté sa propre truffière à Rasteau. C’est accompagné de sa fidèle chienne Icoon âgée de 9 ans, qu’il part caver quand il le peut dès le mois de novembre. Jeune, il allait caver en forêts, mais il s’est vraiment pris de passion pour la truffe depuis les années 2000. Les champignons, il les apprécie aussi et surtout en cuisine : il les prépare au vinaigre pour l’apéritif, en omelette, en sauce… Il aime les offrir à ses proches, car les partager lui donne une saveur décuplée ! Sa passion pour la cuisine l’a amené aussi à participer et à gagner plusieurs fois « le Festival des soupes » à Vaison la Romaine (sa dernière participation date de 2010).

D’autres passions ? Oui ! C’est également un passionné de moto, de ski (de vitesse) et de montagne : Il est fier de confier que dès ses 4-5 ans, sa maman l’amenait au Mont-Ventoux. Le dicton populaire dit « Qui ski au Ventoux, ski partout ! ». La station est certes petite, mais les pistes n’ont rien de facile ! Il ne peut pas se passer de montagne et c’est un besoin chaque année que d’aller au grand air, pour se ressourcer. Sa particularité ? Aller découvrir de nouvelles stations chaque année (Savoie, Hautes-Alpes, Haute-Savoie, Suisse, Italie..).

Son métier de viticulteur

En tant que viticulteur, tout l’intéresse dans le métier : observer, travailler en extérieur, au grand air, dans ses vignes qu’il bichonne… c’est la liberté pour lui ! En aparté, il précise que le choix qu’il a fait d’être en coopérative n’est pas anodin, puisqu’il retrouve ici aussi cette notion de liberté qui lui est chère : apporter le raisin seulement et pouvoir se dégager de la commercialisation, des questions de stockage que peuvent avoir les caves particulières par exemple. Il préfère s’appuyer sur une structure coopérative qui saura unir ses forces pour réussir cela, avec l’aide d’un personnel compétent.

La taille – contre toute attente- lui plaît énormément, la taille en gobelet davantage, car il adore former les ceps. Les vendanges marquent – comme tant d’autres viticulteurs ou vignerons – le temps fort de l’année et résultent de toute un millésime de labeur. Il savoure forcément ce moment-là, et préfère vendanger manuellement. 80% de ses parcelles sont vendangés à la main, c’est important pour la santé et la pérennité de ses vignes. Que ce soit en période de taille ou de vendanges, il apprécie être avec ses équipes dans les vignes, il aime l’ambiance conviviale qu’on peut retrouver dans ces moments-là.

Par exemple, quand vient la période de la taille, le matin, son équipe et lui se retrouvent sur la parcelle, ensuite ils se mettent au travail, font des petites pauses accompagnées d’un café chaud et quand la période vient à se terminer, le casse-croûte se fait un peu plus copieux, avec quelques madeleines & croissants pour couper la journée ou pâté & charcuterie. Autant joindre l’utile à l’agréable !

A la fin des vendanges, il partage le traditionnel repas des vendanges : Pour la récolte, les coupeurs viennent du Puy-de Dôme, et son personnel annuel est rastelain.

« Le moment des vendanges est un moment important pour moi, car c’est à cette occasion que je peux remercier mes équipes, le vin y est offert et ce moment de convivialité permet de souder et remémorer cette période et de débriefer l’année écoulée ».

Le partage, la convivialité, le collectif sont au cœur de ses valeurs.

Frédéric n’est pas un homme qui a envie de se mettre dans la lumière, il souhaite donner de son temps, mais rester discret. Toujours volontaire, bénévole, généreux. Il aime agir et le faire avec plaisir. Ces quelques mots le résument plutôt bien.


Échanges avec Frédéric…

Membre et Vice-Président du Syndicat depuis Mars 2016, qu’est-ce qui vous a donné envie d’accéder à la place de Co-Président cette année ?

« Secrétaire à la Cave de Rasteau depuis 20 ans, cette expérience m’a permis de comprendre les rouages, le fonctionnement et les intérêts d’une coopérative et de ses adhérents, mais surtout de m’exercer à coopérer, fédérer un collectif. En cela, la restructuration du Conseil d’Administration et du bureau de la Cave coopérative de Rasteau/Rhonéa en 2020 m’a amené à postuler au poste de Co-Président du Syndicat et il me semblait évident de continuer à endosser ce rôle mais cette fois-ci pour l’ensemble des adhérents – caves particulières et caves coopératives confondues. Également, étant déjà vice-Président du Syndicat depuis 2016, fidèle et investi bénévolement depuis plus longtemps aux évènements du syndicat et du village (comme « La Nuit du Vin »), j’ai simplement voulu passer un cap ».

Quelle est votre vision de l’Appellation et où voulez-vous l’amener ?

« Aujourd’hui, c’est une appellation reconnue pour son terroir, son exposition, son potentiel, ses Femmes et ses Hommes qui contribuent réellement à ce qu’elle est, sans prétention. L’idée serait de l’emmener tous ensemble, et confirmer que Rasteau est un Cru incontournable de la Vallée du Rhône.

« Je souhaite apporter et donner de mon temps dès aujourd’hui, mais je n’ai pas la prétention de révolutionner les choses, mais plutôt d’apporter ma contribution, dans l’idée d’un travail engagé ».

Aujourd’hui, je m’autorise à prendre mon temps dans ce nouveau rôle, à prendre mes marques, à être en formation aux côtés de Jean-Pierre Bertrand pendant un petit temps. J’ai en effet l’envie d’apprendre, et dans un futur proche être tout à fait autonome, mais en restant dans une gouvernance de Co-Présidence. Car l’idée du partage est essentiel pour moi et je souhaite continuer à manœuvrer en binôme avec une cave particulière, je pense que nous pouvons (nous) apporter mutuellement et être complémentaires.  C’est un travail d’équipe et l’aspect commercial/promotion doit être mené à mon sens par une cave particulière.

Des idées et des envies j’en ai pleins : L’art et le vin, l’oenotourisme, ce sont des points que je souhaiterai développer. Et l’environnement bien entendu, je ressens le besoin d’agir en ce sens. Il est du devoir de chacun de laisser un héritage aux futures générations et continuer à avoir des champignons, des truffes, il nous faut arrêter de polluer. Je veille à une agriculture raisonnée (j’aime bien ce mot). Éviter de traiter, il est possible de le faire, pour l’environnement bien sûr et parce que cela coûte trop cher de traiter. Je n’aime toutefois pas être mis dans une case « bio ».

J’espère pouvoir contribuer à ma façon à la partie ODG (Organisme de Défense et de Gestion), et défendre avec ferveur l’appellation, et un peu comme dans une famille, je souhaite m’assurer que tout se passe bien par rapport aux adhérents, être à leur écoute, qu’il y règne une belle osmose. La collectivité est réellement au cœur de mes préoccupations. Bienveillance et conciliation me semblent être les mots les plus importants, même si cela est loin d’être facile de ménager le choux et la chèvre ! « .

D’après-vous, qu’est ce qui va faire fonctionner ce nouveau duo de présidents ?

« Déjà le respect que j’ai pour Jean-Pierre que je connais depuis longtemps, son sérieux et son engagement me rassurent. Il connait très bien le milieu des domaines et moi celui de la coopérative. Ensemble, je pense que ça peut fonctionner. Pour être plus fort et solidaire pour le Cru Rasteau ».

Un mot de conclusion ?

« Les temps sont difficiles actuellement dans le milieu viticole, je ferai mon possible pour fédérer autour du Cru, je suis impatient de travailler avec Jean-Pierre et tout l’équipe du syndicat ».

Comment définiriez-vous le Rasteau de demain en 3 mots ?

« Reconnaissance, générosité et élégance ».

Nous avions déjà eu l’occasion de publier une vidéo avec Frédéric à l’occasion des vidéos « Rasteau Passe à Table » sur notre Blog et Youtube début septembre 2020 (à retrouver : ICI ) pour la Cave Rhonéa.

Nous le remercions pour ce moment d’échange accordé et lui souhaitons une bonne Co-Présidence et un beau parcours au sein du syndicat des Vignerons de Rasteau !


Par EMILIE RACHENNE

Crédits Photos : Victor Saez