« Passé de passionné à blogueur, puis influenceur, vous aimez partager vos découvertes et vos connaissances aux néophytes comme aux initiés. Portrait d’un reporter sans frontière dans le paysage viti-vinicole et dans la vie des hommes et des femmes qui le font ».
A.O.C Rasteau : Qui êtes-vous Romain ? Qui est « L’Astringent » ?
Je suis un quasi trentenaire qui essaye de faire rentrer dans les 24 heures que compte une journée et 7 jours que compte une semaine, une activité professionnelle n’ayant rien à voir avec le vin (je travaille actuellement dans la digitalisation du service public, un sacré chantier !), une passion pour le vin et une soif de culture et de Beau ! L’Astringent, c’est la matérialisation de cette passion pour le vin qui prend ses racines dans mes origines bourguignonnes et dans mon voyage oenologique débuté dès le début de mes études supérieures à Reims où j’avais créé un club de dégustation de Champagne. L’Astringent, c’est une envie d’écrire pour partager mes rencontres, mes émotions oenologiques. L’Astringent c’est aussi un paradoxe, car je suis rarement piquant dans mes écrits, ce n’est pas ma personnalité ! Mais je voulais « incarner » un mot du vin et la notion d’astringence a fait tilt : méconnue pour beaucoup, elle fait grimacer certaines personnes alors qu’elle peut tant apporter lorsqu’elle est présente en petite touche. Elle réveille les capteurs, ancre le vin dans notre palais, bouscule nos sensations. Pierre Gagnaire a eu cette jolie formule dans une interview pour le Monde.
« L’astringent, c’est un mélange délicat de piquant et d’âpre, plus sophistiqué que l’acide, affirme-t-il ; quand l’amer dérange, l’astringent nettoie et donne du contraste » Pierre Gagnaire
A.O.C Rasteau : Comment vous décririez-vous ? Comme un blogueur ? un influenceur ?
Question difficile, cela fait 4 ans que j’évolue avec cette étiquette et je n’ai pas encore réussi à inventer la formule qui encapsule avec justesse. Blogueur est un mot un peu démodé qui ne reflète pas la diversité de médium avec laquelle on touche aujourd’hui nos lecteurs/abonnés. Influenceur renvoie davantage aux anges de la téléréalité qu’à quelqu’un qui parle de vin. On voit aussi souvent l’intitulé « créateur de contenu » mais c’est un peu terne.
Je cherche à faire profiter des amateurs de vin de mon inlassable curiosité qui me conduit à visiter des régions viticoles, rencontrer des vignerons, déguster des vins. Je n’ai pas la prétention d’éduquer à la dégustation ou aux bases du vin, il y a mille livres et personnes qui le font très bien. J’ai plutôt envie que des personnes qui boivent occasionnellement ou régulièrement du vin et s’y intéressent, découvrent mon site ou mes réseaux sociaux en cherchant des informations, soient intrigué par un article ou une photo/vidéo, apprécient peu à peu la façon dont je parle de mes découvertes, soient tenté de déguster un vin que j’aurais mis en avant et se retrouvent dans mes sensations. Je collabore également parfois avec des appellations ou des vignerons pour travailler ensemble des contenus permettant de les faire connaître.
A.O.C Rasteau : Qu’est-ce qui vous plaît dans ce métier ?
Les rencontres, le partage, la diversité des profils de personnes que je suis amené à rencontrer. Je vis à Paris depuis quelques années, j’ai un travail de bureau, j’apprécie de pouvoir m’échapper et aller dans les vignes, dans les villages viticoles. J’aime découvrir les parcours de vignerons qui tantôt ont fait ce métier parce que leur domaine se transmet depuis 8 générations, tantôt se sont reconvertis après une autre vie. Le monde du vin est un monde de partage. Lorsque l’on déguste le vin d’un vigneron, même s’il est la personne la plus timide du monde, on partage quelque chose ensemble, on ressent des sensations, des émotions, on les verbalise, cela dit beaucoup de nous et une fois ce lien créé, en tirant le fil, on peut nouer des relations fortes et avoir des échanges passionnants qui vont bien au-delà du vin. Et enfin, j’aime ces conversations qui se créent avec les gens qui me lisent, des liens virtuels qui durent parfois depuis des années et qui pour certains se prolongent dans la « vraie » vie, j’ai fait de belles rencontres grâce à cette activité !
A.O.C Rasteau : Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans l’interaction que vous avez avec votre communauté que ce soit à travers votre blog, vos réseaux sociaux ?
Les réseaux sociaux ont cela de magique qu’ils nous font entrer en relation avec des personnes que l’on n’aurait jamais côtoyé dans la vraie vie. Dans une journée, on peut échanger des messages avec un sommelier de l’un des meilleurs restaurants du monde, le chef de cave d’une grande maison de champagne, un vigneron d’une région dans laquelle on n’est jamais allé, une vigneronne néo-zélandaise, des professionnels du vin mais aussi des passionnés de France, d’Europe ou d’un pays très éloigné qui ont soif de découvertes.
Rien ne me fait plus plaisir que de recevoir un message d’un lecteur de mon site ou d’un abonné sur les réseaux sociaux qui me dit avoir sans hésitation commandé une caisse d’une suite à un article ou une publication et m’écrit par la suite – souvent très positif jusqu’à présent ! – pour partager son expérience de dégustation.
Ce que j’aime également, c’est que tout est à double sens, je découvre plein de restaurants, de domaines prometteurs en me baladant sur les réseaux sociaux et certaines personnes qui me suivent ont également pris l’habitude de me recommander les vins qu’ils ont découvert et apprécié.
A.O.C Rasteau : Des projets à venir ? Comment vous imaginez-vous dans 5 ans ?
Je n’ai pas de grand projet fixé mais plutôt des envies qu’il faut que j’explore et qui aboutiront peut-être à des projets concrets. J’aimerais collaborer avec des confrères et consœurs utilisant des médiums différents des miens ou ayant des expertises complémentaires afin de toucher de nouvelles personnes ou de créer des ponts qui parleront.
J’ai également envie de créer des occasions de rencontrer les personnes qui me lisent, peut-être de façon classique à travers des dégustations / dîners mais pourquoi pas à travers des formats plus originaux, par exemple en liant vin et art, vin et café, vin et parfum, faire de liens entre mes centres d’intérêts en somme et proposer des expériences nouvelles ! Voilà un bel horizon à 5 ans !
A.O.C Rasteau : Êtes-vous déjà venu déjà visiter l’appellation Rasteau ?
Je ne suis encore jamais venu visiter l’appellation Rasteau mais je crois qu’on va essayer de remédier à cela cette année !
A.O.C Rasteau : Vous avez dégusté récemment des Rasteau rouges et VDN Rasteau pour le compte de « l’Astringent », que vous inspirent l’appellation, ses vins, ses femmes et hommes, ses terroirs ?
Les deux vins que j’ai pu déguster étaient à l’image de l’idée que je pouvais me faire de l’appellation :
Mais également des vins modernes avec cette nouvelle génération qui arrive dans les domaines, se tourne de plus en plus vers le bio, a parfois voyagé dans d’autres régions viticoles françaises ou mondiales et innove dans ses pratiques à la vigne et au chai avec une recherche esthétique marquée par cette ouverture.
« Des vins de caractères, on peut en avoir du caractère lorsque la viticulture sur le sol qu’on exploite remonte à l’époque romaine et il en faut du caractère pour continuer à élaborer fièrement des vin doux naturels à une époque où ils sont boudés par la grande majorité des consommateurs. »
A.O.C Rasteau : Si vous deviez venir à Rasteau, qu’aimeriez-vous découvrir ?
J’ai évidemment envie de découvrir en profondeur les différents types de VDN (et l’élaboration de ce vin spécial ainsi que la forme qu’il prend en vieillissant) qui sont l’originalité de Rasteau et comme dans tous les vignobles dans lesquels je me rends, j’ai envie de rencontrer aussi bien « les anciens » qui sont dépositaires d’une histoire, de traditions que « le sang neuf » qui dans le respect de l’histoire de l’appellation invente quelque chose de différent !
A.O.C Rasteau : Pour finir, 3 mots pour décrire Rasteau ?
« Couleurs, Histoire, Pluriel »